朱老师朗读加缪小说《局外人》(14)

朱老师朗读加缪小说《局外人》(14)

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《L'étranger》(14)


Je me suis retourné une fois de plus : Pérez m'a paru très loin, perdu dans une nuée de chaleur, puis je ne l'ai plus aperçu.


Je l'ai cherché du regard et j'ai vu qu'il avait quitté la route et pris à travers champs. J'ai constaté aussi que devant moi la route tournait. J'ai compris que Pérez qui connaissait le pays coupait au plus court pour nous rattraper. 


Au tournant il nous avait rejoints. Puis nous l'avons perdu. Il a repris  encore à travers champs et comme cela plusieurs fois. Moi, je sentais le sang qui me battait aux tempes.


Tout s'est passé ensuite avec tant de précipitation, de certitude et de naturel, que je ne me souviens plus de rien. Une chose seulement: à l'entrée du village, l'infirmière déléguée m'a parlé. Elle avait une voix singulière qui n'allait pas avec son visage, une voix mélodieuse tremblante. Elle m'a dit:《Si on va doucement, on risque une insolation. Mais si on va trop vite, on est en transpiration et dans l'église on attrape un chaud et froid.》


Elle avait raison. Il n'y avait pas d'issue. J'ai encore gardé quelques images de cette journée: par exemple, le visage de Pérez quand, pour la dernière fois, il nous a rejoints près du village. De grosses larmes d'énervement et de peine ruisselaient sur ses joues. 


Mais, à cause des rides, elles ne s'écoulaient pas. Elles s'étalaient, se rejoignaient et formaient un vernis d'eau sur ce visage détruit. 


Il y a eu encore l'église et les villageois sur les trottoirs, les géraniums rouges sur les tombes du cimetière, l'évanouissement du Pérez (on eût dit un pantin disloqué), la terre couleur de sang qui roulait sur la bière de maman, la chair blanche des racines qui s'y mêlaient, encore du monde, des voix, le village, l'attente devant un café, l'incessant ronflement du moteur, et ma joie quand l'autobus est entré dans  le nid de lumières d'Alger et que j'ai pensé que j'allais me coucher et dormir pendant douze heures.

(À suivre......)


《局外人》(14)

我又回了回头,见贝雷兹已远远落在我后面,在一片腾腾的热气中若隐若现,后来,干脆就看不见了。


我用目光搜寻他,见他已离开了大路,而后又从田野斜穿过来。我发现在我们前方的大路转了个弯。原来,贝雷兹熟悉本地,他正抄近路追赶我们。


果然,在大路转弯的地方,他追上我们了。不久,我们又把他落下了。他仍然是穿田野、抄近路,这样,反反复复,如法炮制了好几次。而我,这么走着的时候,一直觉得血老往头上涌。


后来,所有的事都进行得那么快速、具体,合乎常规,所以我现在什么都不记得了。只记得这么一件事:在村口,护士代表跟我说了话。她的声音奇特,抑扬顿挫而又颤悠发抖,与她的面孔极不协调。她对我说:“走得慢,会中暑,走得太快,又会汗流浃背,一进教堂就会着凉感冒。”她说得对。左右为难不知如何是好。


此外,我还保留了那天的几个印象:例如,贝雷兹最后在村口追上我们时的那张面孔。他又激动又难过,大颗大颗的眼泪流在脸颊上。但由于脸上皱纹密布,眼泪竟流不动,时而扩散,时而汇聚,在那张哀伤变形的脸上铺陈为一片水光;此外,还有教堂,还有站在路旁的村民;开在墓地坟上的红色天竺葵;

还有贝雷兹的晕倒,那真像一个散了架的木偶;还有撒在妈妈棺材上的血红色的泥土与混杂在泥土中的白色树根;还有人群、嘈杂声、村子、在咖啡店前的等待、马达不停的响声以及汽车开进的阿尔及尔闹市区、我想到将要上床睡上十二个钟头时所感到的那种喜悦。


(待续)

(翻译:柳鸣九)


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