Chapitre 1 Un Gascon à Paris - 3

Ils croisaient des laquais, qui apportaient des messages de leurs maîtres. Le jeune d'Artagnan, ému, le cœur palpitant, traversa la cour au milieu de cette cohue. Il se fraya un passage entre les mousquetaires qui tiraient l'épée par jeu. Dans l'antichambre, l'atmosphère était plus calme. Les épées rangées dans leur fourreaux, les mousquetaires parlaient de femmes et l'intrigues de cour.

D'Artagnan se fit annoncer, en attendant d'être introduit auprès de monsieur de Tréville. Il s'approcha de trois mousquetaires qui parlaient avec animation. L'un d'eux que les autres nommaient Porthos, était grand et hautain. Il portait avec affectation un costume bizarre, qui attirait sur lui l'attention générale. Son justaucorps bleu ciel était recouvert d'un baudrier magnifique, en broderie d'or et d'un long manteau de velours rouge.

- Oui, je sais, disait-il en se pavanant, c'est une folie mais c'est la mode, n'est-ce pas, Aramis ?

Son compagnon répondit par un signe de tête affirmatif. Aramis semblait aussi doux et délicat que Porthos était arrogant et vaniteux. D'autres affaires, bien plus graves que la mode, l'occupaient.

- Savez-vous, demanda Porthos avec mépris, que l'on raconte que le cardinal fait espionner certains gentilshommes ? Qu'il fait ouvrir leur correspondance ? Qu'il fait surveiller les dames de compagnie de la reine ?

- Oui, dit le troisième, qui se nommait Athos, tout cela est bien triste pour le royaume de France.