Chapitre 2

Chapitre 2

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Chapitre 2

L’arrivée des avions ne serait jamais cette victoire qui termine une guerre, et ouvre une ère de paix bienheureuse. Il n’y aurait jamais, pour lui, qu’un pas de fait précédant mille pas semblables. Il semblait à Rivière qu’il soulevait un poids très lourd, à bras tendus, depuis longtemps : un effort sans repos et sans espérance. « Je vieillis… »

Il s’aperçut qu’il avait peu à peu repoussé vers la vieillesse, pour « quand il aurait le temps » ce qui fait douce la vie des hommes. Comme si réellement on pouvait avoir le temps un jour, comme si l’on gagnait, à l’extrémité de la vie, cette paix bienheureuse que l’on imagine.

— Vous vous êtes beaucoup occupé d’amour, Leroux, dans votre vie ?
— Oh ! l’amour, vous savez, monsieur le Directeur…
— Vous êtes comme moi, vous n’avez jamais eu le temps.
— Pas bien beaucoup…
Rivière écoutait le son de la voix, pour connaître si la réponse était amère : elle n’était pas amère. Cet homme éprouvait, en face de sa vie passée, le tranquille contentement du menuisier qui vient de polir une belle planche : « Voilà. C’est fait. »
« Voilà, pensait Rivière, ma vie est faite. »
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